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>>France : forte accélération de l'inflation en février, à 3,6% sur un an
Prix à la hausse à cause des impacts de la crise en Ukraine dans une station-service à Paris, le 9 mars. |
L'indice des prix à la consommation n'avait plus atteint un tel niveau dans l'Hexagone depuis le mois de décembre 1985 (4,7% sur un an), a indiqué l'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) jeudi 31 mars. "C'était attendu mais la hausse a été encore plus importante que prévu", relève Charlotte de Montpellier, économiste chez ING. En février, l'indicateur s'était établi à 3,6%, déjà un record depuis 2008.
Quant à l'indice harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, il s'est également envolé, à 5,1% par rapport à mars 2021, a détaillé l'Insee dans sa première estimation de l'inflation au mois de mars 2022.
Comme les mois précédents, le bond brutal des prix de l'énergie (+28,9% sur un an) explique l'essentiel de la hausse des prix, alors que la crise en Ukraine a fait flamber le cours des hydrocarbures. Mais l'alimentation, et plus spécifiquement les produits frais (+7,2%), ont également nourri le mouvement. Le coût des services progresse beaucoup plus modestement, à 2,3% sur un an, tandis que celui du tabac freine légèrement (-0,1%).
Bouclier tarifaire
Malgré une inflation supérieure à 2% sur un an chaque mois depuis septembre 2021, la France reste mieux lotie que ses voisins de taille comparable.
L'Espagne a annoncé mercredi une inflation de 9,8% sur un an en mars, là aussi un sommet plus atteint depuis 1985. En Italie, elle a atteint 6,7%, au plus haut depuis 1991.
L'Allemagne a elle enregistré une progression des prix de 7,3% entre mars 2021 et mars 2022. L'inflation n'avait plus été aussi dynamique depuis novembre 1981, dans l'ex-Allemagne de l'Ouest.
"Ça fait plusieurs mois que l'inflation française est inférieure à l'inflation allemande et espagnole, c'est dû en partie au bouclier tarifaire" sur les prix de l'énergie, explique Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. Ce bouclier a permis, selon l'Insee, de réduire de 1,5 point de pourcentage la hausse des prix en février.
L'écart entre la France et ses voisins s'est creusé au mois de mars, relève ainsi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.
"Le pouvoir d'achat des Français est moins affecté que celui de la moyenne des Européens et c'est favorable à la compétitivité française car nos coûts en France progressent moins vite" qu'ailleurs dans la zone euro, a-t-il souligné dans un entretien.
L'écart est selon lui dû au mix énergétique français, avec plus de nucléaire et moins de gaz, ainsi qu'au bouclier tarifaire.
Pic en vue
Le marché du travail français est par ailleurs moins tendu que celui de l'Allemagne ou des États-Unis, où les difficultés de recrutement ont engendré de fortes hausses de salaires, qui ont à leur tour pu générer une inflation dynamique - aux États-Unis, l'indice PCE des prix à la consommation a accéléré sa progression à 6,4% sur un an en mars.
En France, pour tenir compte de cette forte inflation, le salaire minimum, le SMIC, va mécaniquement augmenter le 1er mai entre 2,4% et 2,6%, selon une estimation du ministère du Travail contacté jeudi 31 mars par l'AFP. En dépit de ces niveaux d'inflation exceptionnellement élevés, le mouvement pourrait toutefois se rapprocher de son pic.
L'Insee anticipait mi-mars, dans sa note de conjoncture mensuelle, une inflation stabilisée autour de 4,5% au deuxième trimestre 2022. "La barre des 5% pour l'indicateur national d'inflation pourrait être dépassée au deuxième trimestre", estime ING, qui s'attend ensuite à une baisse rapide des prix à la consommation.
Avec la perte de pouvoir d'achat provoquée par l'inflation et un moral des ménages en berne, "la demande va perdre de son dynamisme", ce qui va limiter la capacité des entreprises à répercuter les hausses de prix, anticipe la banque.
L'économiste en chef de la Banque centrale européenne Philip Lane s'est lui aussi montré rassurant jeudi 31 mars, soulignant que la BCE anticipait une inflation stabilisée autour de 2% à moyen terme en zone euro.
Une première estimation de l'inflation en mars dans la zone euro sera publiée vendredi 1er avril.